" L'imbécile ne sait ni lire ni nager" s'écrie Platon dans "les lois". De tous les peuples anciens, aucun n'a cultivé les "exercices du corps" avec autant d'ardeur que le peuple Grec. C'est surtout sous le règne du tyran Pisistrate au VI ème siècle avant J.C., que la gymnastique prend une place prépondérante dans la vie athénienne.
L'éducation physique et sportive est considérée comme la partie essentielle de la formation du jeune Athénien au même titre que la musique. Les palestres, réservées aux enfants, se multiplient, et tan-disque dans les gymnastes, hommes mûrs et athlètes rivalisent de zèle, on voit se presser chez le pédotribe, l’entraîneur des enfants, une jeunesse avide d'apprendre et d'acquérir les qualités physiques et sportives indispensables pour devenir un citoyen digne et respecté.
Les palestres sont essentiellement des terrains de sports de forme carrés. Sur un ou deux cotés, se trouvent des pièces couvertes jouant le rôle de vestiaires, de salles de repos munies de bancs, de bains, de magasins d'huiles et de sable.
Dans chaque palestre, une fontaine ou un puits sert aux ablutions du jeune sportif.
Ces palestres, ornées de bustes d'Hermès et d'Héraclès, peuvent servir à tous les exercices, sauf aux courses qui se pratiquent au stade.
La baguette du pédotribe
C'est dans cette enceinte que le pédotribe exerce sont autorité sur la jeunesse athénienne. On le reconnait de loin avec sa baguette fourchue utilisée a diriger les exercices et certainement a corriger les insoumis. De bonne heure, il semble que ce maître ait uni sinon la médecine, du moins l'hygiène au sport.
Ainsi, Hérédicos de Selymbria fut l'un des premiers, selon Platon, à donner l'exemple de la pratique de ces deux sciences.
L'huile, le sable et la flûte
Trois traits distinguent la gymnastique athénienne : la nudité complète de l'athlète (gymnos en grec signifie nu), l'habitude des onctions d'huile et l'accompagnement de la flûte pendant les exercices.
L'enfant, avant de pratiquer un exercice, se dénude complètement, se lave à grandes eaux, puis se frotte le corps tout entier d'huile et enfin se couvre de sable fin en provenance d'Egypte. Les grecs justifient cette pratique en affirmant que l'huile et le sable protègent le corps contre les coups et les intempéries. A la fin de l'exercice, l'enfant se décape le corps avec un racloir de bronze avant de se relaver.
Enfin il est certain que plusieurs joueurs de flûte sont attachés à chaque palestre. Ce sont généralement des esclaves qui servent dans cet emploi. Un grand nombre de vases représentent des athlètes s"exerçant au son de la flûte
Elles assurent la régularité des mouvements et contribuent là a leur beauté
La lutte et la course
Le pentathlé, qui survie aujourd'hui sous le nom de pentathlon, est apparu dès le VIe siècle avant notre ère. Il comporte les cinq épreuves reines du sport grec, à savoir : la lutte, la course, le saut, le lancement du disque et celui du javelot. Dans les jeux grecs, il y a un concours de pentathlé pour les enfants.
La lutte est la plus ancienne et la plus estimée des disciplines : c'est elle qui a donné son nom (palé) à la palestre. Elle exige de la vigueur, de la souplesse, de la présence d'esprit et met en jeu tous les muscles à la fois.
Les lutteurs s"affrontent dans la boue et la poussière. Ils préparent eux-même leur terrain : avec une pioche, ils ameublissent le sol, puis y versent de l'eau pour former une boue glissante qui augmente la difficulté de l a lutte. Le but du lutteur est d'étendre son adversaire sur le dos et de lui faire toucher la terre des deux épaules. Pour être vainqueur, il faut arriver à ce résultat trois fois. Le principe est à peu près le même aujourd'hui dans la lutte gréco-romaine
La course est elle aussi très recherchée. les athlètes courent dans le sable pour augmenter la difficulté. Ils ont le choix entre quatre courses différentes : la course de vitesse de la longueur du stade (185 m), la course double ou diaule (2 stades), la course hippique d'une longueur de quatre stades et enfin la course de fond qui peut atteindre 24 stades, soit prés de 5000 m.
Contrairement à aujourd'hui les coureurs n'ont jamais un genou à terre au moment du départ, même dans la course de vitesse. Ils ont le torse penché en avant, les pieds très rapprochés l'un de l'autre.
Les sauts (voir mon article précédant)
Le lancer du disque est très apprécié, car il d&développe les bras et exerce le coup d’œil. Le disque est un cercle plein, en bronze, de diamètre variable. Certains portent, en guise d'ornement, un oiseau peint ou ciselé représentant sans doute la rapidité avec laquelle ils fendent l'air. Comme dans les compétitions actuelles, le gagnant est celui qui a envoyé le disque le plus loin.
Le javelot demande autant d'adresse que de vigueur. Les concurrents doivent atteindre un but précis. Les lanceurs tiennent le javelot par le milieu, s'élevant à hauteur de l'oreille et le lancent après une course brève et rapide. Sur certains vases peints, on remarque que les lanceurs portent parfois un compas. Il servait sans doute à tracer, à la distance voulue, un cercle dans lequel le javelot devait aboutir.
L’ancêtre de la boxe.
Outre ces cinq épreuves fondamentales, les Grecs pratiquent deux exercices plus rudes, plus sanglants : le pugilat (ancêtre de la boxe) et le pancrace.
Pour le pugilat, les mains et les avant bras sont entourés de lanières de cuir, et même, selon l'historien G. Glotz, de cuir clouté. L'espace du combat n'est pas limité et il n'y a aucune interruption. La bataille se termine lorsque l'un des deux adversaires, épuisé, lève le bras pour signifier qu'il se rend.
Le pancrace est plus brutal encore. C'est un composé de lutte ordinaire et du pugilat. C'est pourquoi les doigt sont libres. Tous les coups sont permis ; il est simplement interdit d'enfoncer ses doigts dans les yeux de l'adversaire.
Harmonieux, le sport grec est aussi brutal "il faut les voir, écrit H.I. Marrou, sous le soleil et dans le vent qui soulève la poussière, la peau graissée, recouverte d'un enduit de terre colorée, sans parler des pancratistes qui se roulent dans la boue, tachée de sang". Du moins peut on espérer, en ce qui concerne les enfants, que le pédotribe veillait à éviter les excès selon les sages conseils d'Aristote.