lundi 23 juin 2014

Jean SOUVERBIE

Jean Souverbie nait à Boulogne-Billancourt en 1891 d'une famille bourgeoise, dont le père était ingénieur des Arts et Métiers. De constitution relativement fragile il fut souvent malade ce qui le rendit solitaire et reçut une instruction à la maison. Dessinant sans cesse et présentant des dispositions pour cet art, il fut émerveillé par les eaux fortes de Rembrandt. Son père lui offrit, vers l'âge de dix ans une boîte de couleurs à l'huile, chevalet, palette et toiles. Maurice Denis remarque en 1908 le jeune Jean âgé de dix-sept ans pour un autoportrait. En 1911 le jeune artiste entre à l'Académie Julian dans l'atelier de Jean-Paul Laurens. Il y fait en 1913 la connaissance de Roger Chastel avec lequel il se lia d'une amitié qui ne s'est jamais démentie. En 1916 il intègre l'Académie Ranson, où enseignent des Nabis : Maurice Denis, Sérusier, Édouard Vuillard, Félix Vallotton.


En 1920 il épouse sa femme qui sera son modèle préféré ainsi que la mère de leurs cinq enfants. C’est vers 1920 qu’il découvre le cubisme à travers l’œuvre de George Braque. En 1925 Il y fait la connaissance de Lhote, Gleizes, Picasso, Marcoussis, et de nombreux autres peintres d’avant-garde. C'est un grand admirateur de Picasso auquel la facture de ses nus s'apparente. Vers les années 1930, il se consacre essentiellement à l'art monumental et présente l'ensemble de ses œuvres à la Biennale de Venise. D’abord  professeur aux Ateliers d’Art Sacré à la mort de Maurice Denis , il enseigne à partir de 1945 et pendant dix-sept ans l'Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts où un atelier de peinture monumentale est créé spécialement. Membre de l'Académie des Beaux-Arts en 1946, consacré par une rétrospective à la Galerie Bernheim Jeune en 1976, Jean Souverbie décède en 1981.


En 1972 Jean Souverbie vient au printemps passer quelques temps comme pensionnaire dans l’hôtel de mes parents à Saint Raphaël, au bord de la mer. Je suis, alors, chargé par mon père, avec sa voiture de lui servir de chauffeur. Tous les jours après la sieste nous allons tous les deux à un endroit précis pendant une heure ou deux. J’ai d’ailleurs eu droit par son œil expert à toute une tirade sur la luminosité, les couleurs, les ombres et les volumes qui, chaque jour changent.


  Cet endroit que les gens de chez moi doivent connaître se trouve sur la route d’Agay par l’intérieur ou la vue sur l’Esterel est sublime A ce moment-là je revenais de Paris ou j’avais habité pendant deux ans, épousé ma femme et ma fille Mélanie avait moins d'un an.
Un soir au dîner, attendri par l’image de ma fille Jean Souverbie la dessine sur un coin de la nappe en papier et nous l’offre. Je l’ai toujours chez moi encadré  et c’est pour moi un grand souvenir.



lundi 16 juin 2014

La plaisante saison

Fouillant dans mes vieux bouquins j'en ai trouvé un sur Alienor d'Aquitaine par Régine Pernoud édité en 1965


Ce livre qui retrace la vie d'Alienor est rehaussé de poèmes de troubadours de ce temps là en langue d'oc.
Puisque l'été arrive j'ai choisi celui de Peire Vidal :


Be m'agrada la covinens sazos,
E m'agranda lo cortes temps d'estiu
E m'agradon l'auzel, quan chanton piu,
E m'agrandon fleretas per boissos,
E m'agranda tot so qu'als adregz platz,
E m'agranda mil tans lo bels soltz.
Don per mon grat jauzirai lai breumen,
On de bon grat paus mon cor e mon sens.

Elle m'agrée, la plaisante saison
Et bien m'agrée le courtois temps d'été
M'agrée l'oisel quand chante sa chanson,
Et m'agréent fleurettes dans le buisson,
Et m'agrée ce qui plaît à nobles gens
Surtout m'agréent les courtois entretiens
Dont pour mon gré jouirai avant longtemps
Où de bon gré mets mon cœur et mon sens.


Et Bernard de Ventadour chante Alienor "la reine des troubadours" :

Pel doutz chan que l'l rossinhols fai
La noih can me sui adormitz,
Revelh de foi totz esbaïtz,
D'amor pensius e cossirans ;
C'aisso es mos meher mesters,
Que tostems aï joi volunters,
Et ab joi comensa nos chans

Au doux chant qu'un rossignol fait, 
La nuit, quand je suis endormi,
M'éveille en joie, tout ébahi,
D'amour pensif et soupirant ;
D'où viennent mes meilleurs couplets;
Qu'en tous temps ai joie volontiers
Et en joie commence mes chants

lundi 2 juin 2014

Victor Charreton

En fouillant dans de vieux papiers de mon père, mon attention est attirée par une copie (ci-dessous) d'un tableau que lui aurait donné un peintre alors qu'il gérait le restaurant des "Facultés" Rue de Marseille à Lyon entre les deux guerres.
En regardant en bas à droite je lis "Victor Charreton", ce qui m'amène à faire des recherches sur ce peintre et découvre un univers extraordinaire.

  
Victor Charreton est un peintre paysagiste auvergnat né à Bourgoin en 1864
L'artiste
 manifeste très tôt le goût pour la poésie et la peinture. Ses études de droit le conduisent au métier d'avoué à la cour d'appel de Lyon. En 1894 il débute au salon de la "Société Lyonnaise des Beaux Arts" jusque en 1902. Il vend alors son étude pour se consacrer uniquement à la peinture


En 1903 il co-fonde avec le peintre Bonnard le salon d'Automne. Son succès est rapide et sa réputation dépasse vite le cercle des salons. Il est décoré de la "Légion d'Honneur" au titre de peintre en 1914



Victor Charreton a conseillé et influencé de nombreux peintres. L'Auvergne
 le séduit par l'âpreté de ses paysages et la luminosité de ses couleurs. Avec le peintre Léon Boudal curé de Murol dont voici un tableau



il fonde l'Ecole de Murol qui attire de nombreux artistes de tous horizons séduits par ce néo-impressionnisme qui exprime si bien la simplicité  crue et la lumière des paysages auvergnats.
Le pensionnaire de l'école J. Mario Pérouse a produit cette caricature de l'école en marche


Victor Charreton meurt en 1936 à Clermont-Ferrant. On trouve ses œuvres dans les plus grands musées mais si vous passez du coté du lac Falbon à Murols faites une halte au musée de l'école des peintres de Murols et ne pas oublier l'église décorée par l'abbé Boudal
(voir site internet Victor Charreton)