Passant au bord du lac de Serre-ponçon il me revient en mémoire un article sur l'abbaye de Boscodon, au dessus de Crots,
Notre Dame de Boscodon est d'architecture romane. On y retrouve l'art cistercien primitif au travers de la simplicité extrême des éléments architecturaux, l'harmonie des volumes, la qualité de la maçonnerie notamment l'appareillage des pierres à joint vif.
L'art roman utilise la géométrie. Toutefois, la symétrie n'est pas un élément fondamental de cette architecture qui s'inspire aussi de la nature. Le tracé de l'abbatiale s'appuis sur des figures géométriques simples.
Tracée suivant le nombre d'or, à la règle et au compas, on y trouve les symboles de la croix, du carré, du cercle et du pentagone.
Le système métrique n'existant pas, les mesures de références sont la coudée royale, le pied roman.
Les moines bâtisseurs portent une grande importance à la symbolique des éléments. L'abbaye a été implanté et orienté en fonction des rythmes du soleil, des cours d'eau alentours, de la présence d'une carrière de pierres, (ni trop près pour respecter le silence du lieu ni trop loin à cause des contraintes d'approvisionnement), de la forêt et des hommes.
L'importance des symboles se trouvent aussi dans la conception des bâtiments : répétition des éléments selon les chiffres clés (7 voûtes, comme les 7 jours de la semaine) et rapport de proportion en harmonie avec le chiffre d'or.
A notre entrée dans l'édifice on est saisi, j'allais dire "envoûté" par le volume, l'espace, ces murs nus et la lumière des sept ouvertures qui diffusent un halo de lumière propice à la méditation.
Au dessus de l'abbaye s'étale, jusqu'en haut de la montagne, une splendide forêt. Une route très étroite serpente au milieu de mélèzes gigantesques et débouche sur une esplanade.
C'est le départ d'un chemin forestier aménagé ou on découvre toutes sortes de plantes et d'immenses fourmilières ressemblants à des termitières africaines. Il y a aussi sur cette place la fontaine de "l'ours" dont voici la légende.
Un jour de l'an 600, Saint Arey, évêque de Gap fit, à l'occasion d'une rocambolesque aventure, la rencontre d'un grand ours de la montagne. Rentrant de Rome, après une visite au pape, sa charrette fut attaquée par l'animal qui, surgissant de la forêt dévora l'un de ses bœufs. Très contrarié, Arey ordonna au féroce animal de s'atteler à la voiture pour le ramener à Gap, ce que l'ours fit docilement.
Dès lors naquit une grande affection réciproque entre le prélat et la bête, au point dit-on qu'il offrit, à la bête, un magnifique collier d'or et d'argent. Quand le saint homme mourut, la peine de son compagnon fut immense, on le vit à la tête du cortège, hurlant son désespoir, puis il disparut à tout jamais.
Bien plus tard, sur les pentes de Morgon, les moines de Boscodon mirent à jour, au fond d'une grotte où coule une source claire et fraîche, les restes d'un animal de grande taille qu'ils identifièrent facilement grâce au fameux collier qu'il portait encore.
L'endroit s’appelle depuis "la fontaine de l'ours"
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