Le moyen-âge est une période, pour nous assez rude de moeurs guerrières et pourtant avec Guillaume IX de Poitiers, un des premiers troubadour connu une poésie courtoise se développe. Né en 1071, croisé en 1101 il est excommunié plusieurs fois pour ses moeurs relâchés mais c'est un poète plein d'un amour tout païen et les théories courtoises sont alors bien ébauchées.
Voici les deux premières strophes de sa chanson "Je n'adorerai qu'elle" en occitan puis en français :
Farai chansoneta nueva,
Ans que vent ni gel ni plueva:
Ma dona m'assaya e-m prueva,
Quossi de qual guiza l'am;
E ja per plag que m'en mueva
No-m solvera de son liam.
Ans que vent ni gel ni plueva:
Ma dona m'assaya e-m prueva,
Quossi de qual guiza l'am;
E ja per plag que m'en mueva
No-m solvera de son liam.
Qu'ans mi rent a lieys
e-m liure,
Qu'en sa carta-m pot escriure.
E no m'en tenguatz per yure,
S'ieu ma bona dompna am!
Quar senes lieys non puesc viure,
Tant ai pres de s'amor gran fam.
Qu'en sa carta-m pot escriure.
E no m'en tenguatz per yure,
S'ieu ma bona dompna am!
Quar senes lieys non puesc viure,
Tant ai pres de s'amor gran fam.
Je ferai chansonnette neuve
Avant qu'il vente, gèle ou pleuve.
Ma dame me tente et m'épreuve
Pour savoir quel amour me tient.
Malgré les peines qui m'émeuvent
Je ne dénoue pas ses liens
Je me rend à elle et me livre,
Elle peut m'inscrire sur ses livres,
Ne croyez pas que je sois ivre,
Désir de ma Dame me tient.
Sans elle je ne peux pas vivre.
De son amour j'ai si grand faim !
Vous êtes plus blanche qu'ivoire,
Je vous adore et vous veux boire,
Je veux bien mourir de mort noire
Si je n'ai secours d'amour vrai.
Par la tête de saint Grégoire
Au lit ou sous l'arbre, un baiser !
Que gagnerez-vous jolie Dame
A me tenir loin de votre âme ?
Ne jouez pas la sainte femme !
Sachez donc, tant je vous chéris,
Que je craint dur tourment de larmes
Si vous n'entendez pas mon cri.
Je sombrerai en patenôtres
Si vous ne me tenez pour vôtre.
Toute la joie du monde est nôtre
Bonne dame, si vous m'aimez.
Je te prie, mon ami Daurostre
De chanter ces vers sans bramer !
Car pour elle j'ai froid, je tremble
Tout amour en elle s'assemble
Il n'en est point qui lui ressemble
Dans la lignée du père Adam.
J'aime beaucoup vous êtes dans le sillage Tilia cette semaine mais je vois que son blog est dans vos favoris
RépondreSupprimerBelle journée à vous Bernard
Je me suis payé l'anthologie de la poésie des troubadours édition "point"
RépondreSupprimerJe me régale
Bonjour,
RépondreSupprimerpourriez vous me dire de qui est cette belle traduction ? (elle se trouve dans cette anthologie ?)
C'est un extrait de texte pris dans "Poésie des troubadours" (Points) ces traductions sont faites par René Nelli et René Lavaud revu et corrigé par Henri Gougaud.
SupprimerCe très beau texte m'a donné envie de voir Guillaume de Poitiers sur internet ou l'ai trouvé le même texte en occitant